Conscient de l’impact du réchauffement climatique sur leurs stratégies à long terme, les investisseurs s’engagent mais peinent encore à traduire leurs actions dans leurs politiques d’allocation d’actifs.
Les investisseurs préoccupés
A l’heure où s’ouvre la réunion du G20 au Japon, 477 investisseurs représentant 34 000 milliards de dollars – soit la moitié du capital investi dans le monde – adresse une lettre ouverte aux dirigeants du monde. Ils réclament des mesures pour lutter contre le réchauffement climatique. « Il est essentiel pour nos décisions en matière de planification à long terme et d’allocation d’actifs que les gouvernements travaillent en étroite collaboration avec les investisseurs pour intégrer des scénarios climatiques en cohérence avec l’accord de Paris »,précisent-ils.
Alors que l’accord de Paris prévoit de limiter la hausse du réchauffement global sous les 2 degrés d’ici à 2100, les experts anticipent un réchauffement de 3 degrés au regard des politiques actuelles. Cet écart d’ambition préoccupe grandement les investisseurs et doit être résolu de toute urgence, conclut la lettre ouverte.
Quel risque financier ?
Dans l’étude Investing in a Time of Climate Change – The Sequel (« La Suite ») publiée par Mercer en avril dernier, une série de scénarios climatiques permet aux investisseurs d’évaluer le risque financier lié au climat à l’échelle d’un portefeuille global, au niveau des classes d’actifs et secteurs d’activités, en vue de quantifier à l’horizon de plusieurs décennies l’effet prospectif du climat sur la performance financière de leurs portefeuilles.
La Suite comprend trois scenarios de changement climatique, à savoir une augmentation moyenne de températures par rapport à l’ère préindustrielle de +2°C, +3°C et +4°C, sur trois horizons de temps – 2030, 2050 et 2100.
L’étude conclut que l’investissement aligné sur un scenario à 2°C est un impératif et une occasion. Pour presque toutes les classes d’actifs, régions et horizons de temps, un scénario à 2°C conduit à de meilleures perspectives financières, relativement aux scénarios à 3°C ou 4°C. En outre, si de nombreuses activités seront pénalisées par un scénario à 2°C, d’autres activités seront notablement favorisées par la transition vers une économie bas carbone.
Augmenter les actifs durables dans les portefeuilles
Afin de saisir les opportunités dans le cadre d’un tel scénario, les investisseurs doivent dès maintenant augmenter leur niveau d’actifs durables dans les portefeuilles afin d’améliorer la performance. Pourtant, s’ils sont conscients des enjeux climat, ils n’ont globalement pas intégré la lutte contre le changement climatique à leurs stratégies investissement et produits. Ainsi, d’après une étude de Novethic datée de septembre 2017, au niveau mondial 74% des investisseurs institutionnels qui ont signé les Principes pour l’investissement responsables (PRI) indiquent agir sur le changement climatique et le percevoir comme une des principales tendances de long terme pour leurs investissements. Mais ils ne sont que 17% à intégrer le changement climatique dans leur stratégie d’allocation d’actifs. On est donc encore loin d’une réorientation massive des flux financiers vers une économie bas carbone.